vendredi 27 mars 2015

Les jeunes, avant-garde et modernité... ou pas

Comme je suis une mauvaise prof, je fais parler mes élèves. Tous les lundi, je leur offre un quart d'heure d'expression libre, avec comme seule contraintes de s'exprimer correctement (et en Français, ce qui déjà relève de l'exploit pour certains) et de justifier leurs interventions (avec une priorité aux thèmes culturels).

Bon, ceci dit, parfois, je devrais peut-être pas, ça m'éviterait d'être déçue. Voire effarée.

Kevin: M'dame, ya eu la journée de la femme hier!
Jordan: Ah ouais, et le salon de l'auto à Genève aussi!
Mme Mélu: Intéressant de citer l'un juste après l'autre, non?
Kevin: Pourquoi? Ah ouais, pour les filles en bikini! Ben c'est normal, m'dame, les voitures c'est quand même un peu pour les hommes, non?"

Et oui, nous sommes en 2015.

Ceci dit, j'avoue, je suis une pousse-au-crime. J'aime amener mes élèves sur ce genre de sujets où je sais qu'ils seront tous hyper attentifs et encore mieux, hyper réactifs. Généralement ceux où il y a du sang, du sexe, ou les deux. Ouais, je sais, c'est la solution de facilité.

Comme par exemple, quand je présente Arthur Rimbaud, et où je les accroche avec sa relation avec Verlaine, juste histoire de voir si l'un d'eux va faire une remarque sur l'homosexualité (et histoire de faire un petit rappel sur la notion de discrimination, d'homophobie, toussa toussa, parce que des préjugés, dans les classes, yen a à la pelle).

Kevin: Oh mais m'dame, il avait 17 ans Rimbaud?
Mme Mélu: Et oui!
Kevin: Et Verlaine, marié avec des gosses et tout? Mais comment c'est trop un cougar!"

Quelque part, là, c'est rassurant, non?