lundi 29 septembre 2014

Mes chers collègues

Parfois, je me dis que je suis vraiment une prof barge. Mais vraiment.
Heureusement, parfois, j'ouvre les yeux et je me rends compte que le monde est rempli de mauvais profs comme moi.

Comme l'autre prof de Français, celle qui s'est teint les cheveux en rose à la fin de l'année.

Ou le prof de physique avec ses grosses Doc Martens aux pieds et sa crête sur la tête.

Mais même les profs qui ont l'air les plus sages cachent parfois de vraies petites perles.

Prof d'EPS pendant un atelier handball: "Hey toi! Tu arrêtes de contester l'arbitrage! On est pas au foot!"
 Je rêve d'aller plus souvent dans leurs cours pour entendre des choses comme ça!

lundi 22 septembre 2014

Drôles de références

Mes chers élèves ont bizarrement l'esprit qui part dans de drôles de direction lorsqu'on leur pose une question. A croire que leur monde n'est pas tout à fait le même que le nôtre.

Prof : Que peut-on mettre sur une pizza?
Marie: Des olives?
Paul: Des anchois?
Kevin: De l'herbe?

Ne précise pas à quelle sorte d'herbe tu penses, Kevin.

Il faut dire que leurs références sont malgré tout différentes:
Kevin: M'dame, pourquoi c'est écrit "PS4" au tableau.
Prof: p. 54, Kevin, la page de ton exercice de conjugaison. Je sais que j'écris mal parfois mais tout de même...
 

lundi 15 septembre 2014

Génération Y

D'après les textes et les consignes de nos supérieurs hiérarchiques très haut placés, nous devons répandre l'emploi du numérique à l'école.
Désormais, tout se fait par informatique. Les bulletins scolaires, bien sûr, mais aussi l'appel, les relevés de notes, le cahier de texte, la réservation d'une salle, la communication et même écrire au tableau.
Has been les bon vieux agendas, carnets de notes, petit post-it sur le casier et autres stratégies délicieusement désuètes (une craie? c'est quoi ça déjà?)

1er septembre: 
L'environnement numérique de travail a été mis en place. Très lourd pour le réseau, il lui faut environ quinze minutes pour se lancer le matin. Une fois lancé, il faut ouvrir un, puis deux, puis trois menus pour trouver, enfin, la liste d'appel. Chaque menu ayant un délai de lancement proportionnel à celui du logiciel global.

Par contre, on n'a pas encore réussi à faire rentrer l'ancien logiciel pour les notes DANS le nouveau. Donc on doit manipuler deux sites. Avec deux mots de passe différents. Mot de passe qui doit comporter minimum dix caractères en mélangeant les chiffres et les lettres et qui doit comporter au moins un caractère qui ne soit ni chiffre ni lettre. Scro9gneu&*gneu!!!

2 septembre:
On découvre qu'avec l'intégration progressive des logiciels dans l'Environnement Numérique de Travail (ENT), les systèmes de messageries se sont intégrés aussi. Du coup, au sein d'un même logiciel, on a deux boites mail différentes. Chacune avec son adresse (et son mot de passe). En plus, bien sûr, de notre adresse e-mail professionnelle.
On découvre aussi  que comme cet ENT est géré par le rectorat, il réutilise par défaut les vieux noms qu'on a communiqué à l'administration au moment de notre embauche. C'est là que des collègues doivent utiliser le nom de leur ex-mari pour pouvoir accéder à leurs documents professionnels. Très classe, vraiment.

3 septembre: 
Pour un ordinateur sur deux, la résolution de l'écran est mal réglée. L'image est zoomée, pixellisée, horrible. Sauf qu'on est sur un réseau et on  n'a pas la main pour modifier les petits paramètres de configuration des ordis. Même régler l'heure, on peut pas.

5 septembre:
On découvre que cet été, un nouveau système d'exploitation a été installé sur les ordinateurs. Tous les petits logiciels pratiques pour la vidéo ou la gestion d'images que nous avions collectés au fur et à mesure de l'année dernière sont à réinstaller. Donc à signaler au responsable informatique qui devra le faire à notre place.

8 septembre:
Certaines salles ont de très jolis vidéoprojecteurs qui décorent le plafond parce qu'ils n'ont pas de télécommandes et on ne peut donc pas les allumer.

9 septembre:
L'ordinateur de la salle de Mme Mélu a été tout bonnement et simplement supprimé du réseau. Sans raison, comme ça, du jour au lendemain. Officiellement, il n'existe pas. Il la nargue pendant des heures et des heures de cours avec son écran bleu de session impossible à ouvrir.

10 septembre: 
On découvre que c'est les comptes des professeurs de Français en fait qui n'ont pas les droits pour modifier la configuration ou lire les vidéos avec les logiciels installés l'an dernier. Les autres, ils peuvent.

Ca sent quand même le complot, tout ça.


lundi 8 septembre 2014

Fais tes devoirs!

Comme les grands troisième sont exceptionnellement sages, je dois me rabattre sur mes chers 6ème pour illuminer mes journées.

Un 6ème, par définition, c'est nerveux. Parce que le collège, quand même, ça fait peur. Certains passent d'une école primaire de 20 élèves (toutes classes confondues) à un collège qui dépasse les 600 élèves dont certains énergumènes grands par la taille mais bien proches de nos racines darwiniennes (oui, l'adolescent a une fâcheuse tendance à la régression dans son attitude sociale). Ca fait peur.

Mais ce qui les stresse le plus, ce sont ces drôles d'habitudes pédagogiques et disciplinaires inconnues dans leur monde de bisounours primaires.

"Madame, est-ce qu'on aura des heures d'école?
- Pardon?
- Ben des heures d'école en punition.
- Des heures de colle, tu veux dire?"

La retenue fait partie des grands fantasmes des 6èmes arrivant. J'ai la question tous les ans. 
Et si je bavarde avec mon voisin, j'aurais une heure de colle? Et si j'oublie mon classeur j'aurai une heure de colle? L'inconnu terrifiant. 

 Et il y en a pourtant un autre auquel je m'attendais moins. Surtout à l'issu de la première journée.

"Madame, vous pouvez pas nous donner des devoirs? Juste un, pour voir ce que ça fait!"

Et oui, officiellement, en primaire, les élèves n'ont plus de devoirs. A titre personnel, je ne suis pas convaincue par cette mesure, même si je suis tout à fait d'accord sur le fait que certains élèves ne vivent pas dans un environnement propice à travailler, ce qui est un problème tout à fait différent.  Heureusement, quelques instituteurs en donnent quand même de temps en temps, pour habituer les élèves à une petite rigueur dans le travail personnel. Parce que le but des devoirs, c'est quand même de faire en sorte de ne pas devoir recommencer chaque jour ce qui a été fait la veille. Parce qu'il y a une part du travail, de mémorisation, de pratique, de systématisation, que l'on ne peut pas faire à leur place.

Et ça évite peut-être aussi le fait que lorsque je donne le premier devoir de l'année (un petit truc tout simple: faire la liste des personnages de l'histoire lue en classe et donnée sur une feuille pour la relire) un petit Laurent me présente sa feuille vide.

"Pourquoi n'as-tu pas fait tes devoirs, Laurent?
- Parce que j'avais des choses à faire."

Oui. Faire tes devoirs, justement.

vendredi 5 septembre 2014

Brève de rentrée scolaire: côté administratif

La rentrée en quelques points:

- un emploi du temps qui a changé quatre fois entre le 1er et le 2 septembre.
- des classes où les élèves sont plus nombreux que les chaises dans les salles.
- des heures de cours qui ne rentrent pas dans l'emploi du temps des élèves. Mais pas du tout. Cherchez pas, ya pas de place.
- un gymnase qui se construit avec deux ans de retard. Donc encore des cours d'EPS dans les couloirs.
- un serveur informatique qui a la bonne idée d'être en maintenance entre le 1er et le 3 septembre (genre pas le moment où on en a TOUS besoin ne serait-ce que pour apprendre à s'en servir).
- une stagiaire qui a environ quinze ans de plus que sa tutrice. Et quinze ans d'expérience aussi. Logique administrative.

Sourions!

mercredi 3 septembre 2014

Brèves de rentrée scolaire: cuvée 6ème

C'est reparti pour une année en tant que professeur principal de ces chers petits 6èmes.
Mardi 2 septembre, ils ont passé toute une journée avec leur prof de Français chérie!

"Madame, quand je vous ai vue dans le hall avec les autres profs, j'ai prié pour vous avoir, parce que vous avez une jolie robe et dans toutes les écoles où je suis allée, les profs ils avaient tous des pantalons et des t-shirt, alors je voulais vous avoir vous!"

Je savais qu'une garde-robe fournie et théâtrale était un véritable outil pédagogique.

L'après-midi, pour changer un peu, je les ai emmenés rencontrer leurs professeurs d'autres matières qui avaient préparé des petits ateliers d'accueil. Que de révélations...

"Good afternoon!
- Heu... Yes?
- Hello!
- Heu... Yes?
- Helloooooooo (signe de la main significatif)
-Ah!!! Hello!!!"
"Mais les deux figures elles sont... (signes des mains pour mimer une lointaine notion géométrique)
-Ah, tu me le montres, mais j'aimerai bien que tu me dises comment ça s'appelle.
- Mais ça veut pas sortir de ma bouche!"

On vient de résoudre le mystère des copies blanches.

Vivement les 3ème, dis donc...