lundi 25 février 2013

Poor lonesome teacher

Ce que les gens pensent que je fais pendant deux semaines:


Ce que je fais vraiment:


Ouais, je sais, bien fait pour moi...

lundi 18 février 2013

Sur les chapeaux de roues

Un lundi matin de ces dernières semaines, en arrivant en salle des professeurs, je trouve une petite note dans mon casier:
La maman de Céline Dubois vient de nous apprendre que sa fille suite à une blessure, se déplacera en fauteuil roulant. Elle ne peut donc plus accéder à l'étage des matières littéraires et artistiques. Elle n'assistera plus aux cours d'art plastique et d'éducation musicale, et tous les cours d'histoire et de français de la classe seront transféré au rez-de-chaussée, dans la salle inoccupée.
Alors déjà, j'ai frémi, parce que si la salle inoccupée du rez-de-chaussée est inoccupée, c'est essentiellement parce qu'elle ressemble à un obscur placard à balai dont personne ne veut.

Mais surtout, Céline Dubois, élève de 6ème, s'est déjà bien fait remarquer par la professeure principale attentive que je suis. Céline Dubois n'aime pas l'école, fait des caprices à sa maman, donc elle ne vient pas en classe parfois. Souvent les jours où il y a contrôle. Souvent les jours où il y a EPS (parce que Céline n'aime pas trop ça, l'EPS). Céline Dubois emprunte les classeurs des autres élèves pour rattraper les cours qu'elle manque, mais comme elle est de nouveau absente ensuite, elle ne les restitue pas. Céline Dubois a déjà épuisé toute la page du carnet de liaison sur laquelle on signale les travaux non faits où le matériel absent.

Bref: Céline Dubois m'énerve.

Alors quand je vois qu'il faut déménager toute la classe de 6ème pour une élève qui est absente un jour sur deux, j'ai tendance à grincer un peu des dents. Mais passons. Sa blessure, elle ne l'invente pas, ne lui faisons pas de procès d'intention.

Donc Céline Dubois est arrivée en fauteuil. Outre le fait qu'il faille en permanence la pousser (elle ne semble pas avoir compris que les barres métalliques autour de ses roues ne sont pas là pour la déco), elle a eu quelques effets secondaires sur la classe.

Saviez-vous que les 6ème doivent toujours être huit pour pousser le fauteuil?
"Si-si m'dame, je vous jure, on est pas en retard, on était en train d'accompagner Céline! Tous!"

Saviez-vous qu'un ascenseur peut contenir un nombre impressionnant de personnes autour dudit fauteuil? Quand la porte s'ouvre devant moi, j'en vois sortir encore, et encore...

Saviez-vous qu'un fauteuil peut servir de bélier? Même contre la satané Mme Mélu qui pourrait au moins se pousser de devant la porte pour laisser le fauteuil rentrer en premier, allez bam!

Vous l'aurez compris, les 6ème ont trouvé là un nouveau jouet.

Malheureusement, comme tous les enfants, ils s'en sont vite lassés. Surtout quand Céline a recommencé à faire des caprices ou des maladies plus ou moins imaginaires (elle a été déplâtrée puis replâtrée, ils pourraient apprendre leur boulot ces médecins tout de même!)(pardon, encore un procès d'intention...) et donc que les élèves se sont vus condamnés à avoir cours dans le placard à balai sans raison, ou à se voir emprunter leurs affaires sans qu'on les leur rende...

Du coup, maintenant, il arrive que le fauteuil de Céline reste planté au beau milieu du couloir sans que personne ne le pousse.

Ou qu'elle reste seule dans la classe à la sortie parce que personne ne l'emmène.

Oui, la cruauté des enfants est sans limite... Et comme je suis une mauvaise prof, je n'ai pas pu m'empêcher d'en éprouver un peu de satisfaction. Niark niark.

Mais au-delà de ces cocasses anecdotes à roue, il y a bien évidemment un bug de départ: pourquoi ce fichu ascenseur ne peut-il pas accéder à toutes les salles du collège? Oh mais dites-moi est-ce qu'on ne serait pas aux normes???? Est-ce qu'on ne craindrait pas un petit procès?

lundi 11 février 2013

Doit y avoir un piège

Je me souviens avec nostalgie de mes heures de version latine, lorsque j'étais en khâgne, où le dictionnaire était autorisé (ce bon vieux (et lourd) Gaffiot) et où nous nous étions empressé de rajouter quelques pages histoire d'y retrouver nos déclinaisons et conjugaison, en cas de trou de mémoire...

Notez: version latine + khâgne + future prof = c'est une bonne élève qui parle.

Il semblerait que même l'art de tricher correctement soit réservé aux bons élèves. 

Ou l'art d'utiliser correctement le matériel qui nous est échu.

Lorsque mes élèves planchent sur le bilan d'un livre étudié en intégralité, ils ont la possibilité d'utiliser ce livre pendant le contrôle. Je suis bien sûre tout particulièrement attentive à ce qu'ils n'y planquent pas des antisèches, mais je me dis que je m'inquiète pour rien: ils ne regardent pas ce livre qu'ils ont pourtant le droit d'utiliser.

NB: dans les cas qui suivent, je vous ai bien sûr sélectionné les copies qui avaient osé une réponse, omettant toutes celles qui avaient soigneusement éludé la question.

Q: Quel est le titre de l'autre livre écrit par l'auteur de l'Odyssée?
R1: L'auteur de l'Odyssée est Homère.
R2: Le titre de l'autre livre est "Ali Baba et les quarante voleurs".
R3: Le titre de l'autre livre est Lylliade.
Extrait de la première page du livre (qui avait été étudié avec les élèves pendant la séquence, précisons-le, donc ils ne pouvaient en ignorer l'existence):



"Ah ouais mais il fallait chercher DANS le livre aussi..." Ok

Q: En quelle année est né et mort William Shakespeare?
R: Shakespeare est né en 1721 et mort en 1744.
Extrait de la quatrième de couverture du livre:


"Ouais, mais RETOURNER le livre, faut y penser, et puis c'est pas obligé que les dates de l'auteur y soient..."
(C'est vrai qu'on le manipule pas depuis un mois ce livre, il n'aurait pas été stupide de le retourner au moins une fois...) Mais soit:

Q: Qui est l'auteur du Petit Prince?
R: L'auteur du Petit Prince est Charles Perrault.
Extrait de la couverture du Petit Prince:

Dois-je vraiment passer aux questions de cours?

lundi 4 février 2013

Where no pupil has gone before...

Nous avons eu, mes collègues et moi, la bonne idée d'interroger nos élèves de 3ème sur la science-fiction dans le (sacro-saint et redouté) brevet blanc.
Enfin, interroger...
Leur proposer de lire un texte de science-fiction et de trouver qu'il s'agissait d'un texte de science-fiction, la présence des mots "planète" et "astronef" devant leur mettre assez subtilement la puce à l'oreille.

Car vous l'ignorez peut-être, mais le D(iplôme) N(ational) du B(revet) nous offre en 2013 sa toute nouvelle mouture. Dans laquelle ils ont osé commettre une horreur.
Nan mais une vraie.
Ils nous demandent d'interroger les élèves sur des questions de CULTURE.
 

Genre le truc qui s'apprend pas dans le cahier et qui oblige à éteindre Facebook ou les Frères Scott de temps en temps (et non Sexion d'Assaut ne compte pas).

Alors pour le premier coup, on a fait soft en se disant que bon, reconnaître l'univers austenien ou les références aux grandes dictatures du XXième siècle dans la littérature était un peu ambitieux pour des jeunes qui pensent que François Mittérand était contemporain de Victor Hugo et que les Chtis à Las Vegas sont un symbole de réussite sociale, donc nous avons choisi de leur demander de reconnaître ce qui dans le texte relevait du film d'horreur futuriste (des fois que l'un d'eux ait l'idée lumineuse de regarder Alien ou La Planète des Singes (mais pas celui de Burton) (quoi que c'est toujours mieux que rien comme point de départ))

A notre grand soulagement, la question n'a pas semblé trop leur poser de problème. 

Mais l'arbre masquait la forêt. Dès la question grammaticale suivante.

Q: "Relevez deux comparaisons et expliquez leur rôle dans l'impression d'horreur que produit la planète".
R: "Les deux comparaisons sont "comme un serpent" et "comme un caméléon". Cela crée l'horreur car on compare avec des insectes et personne n'aime les insectes, ça fait peur.

Ca me rappelle vaguement ma collègue de SVT qui se plaignait que les 6èmes classaient spontanément le lézard parmi les plantes...

Mais le pire, comme toujours, tient dans la rédaction. Certains se plaignent que les jeunes ne savent pas faire une phrase sans y outrager vingt-huit fois l'orthographe. Moi, j'aimerais parfois que ce soit le seul problème.

Premier sujet: les élèves devaient écrire un texte de réflexion expliquant s'ils aimaient ou pas les livres et les films de science-fiction.

Outre le fait que certains n'ont pas compris que "de science-fiction"portait autant sur les films que sur les livres et se sont empressé d'écrire un texte expliquant pourquoi ils n'aimaient pas les livres (l'occasion était trop belle!), d'autres ont soigneusement expliqué ce qui ne leur plaisait pas dans Harry Potter ou le Seigneur des Anneaux.

Je vous rappelle, hein: "astronef", "planète"...

Le deuxième sujet demandait aux élèves de raconter la suite et la fin de l'histoire de ce navigateur, bloqué sur une planète hostile suite à la panne de son astronef.

Et là...

Voici un petit texte type de tout ce qui m'a poussé à conclure que ces élèves avaient dû rater quelque chose au cours des quatorze dernières années.

Le navigateur se lance donc dans l'exploration de la planète horrible et hostile. Il découvre une grotte, bien pratique pour qui a besoin de s'abriter. Le navigateur l'explore donc, dans ses moindres recoins, puis il monte à l'étage (oui, sur cette planète, les grottes ont des étages). C'est alors que le navigateur tombe nez-à-nez avec une créatures horrible et hostile (notez la richesse du vocabulaire). Mais alors qu'il pense qu'elle va le dévorer, elle se est en fait gentille et ils deviennent amis. Le navigateur se dit alors que la créature pourrait l'aider à réparer son astronef. Il ramène donc son astronef (en panne, rappelons-le) dans la grotte (à la force de ses petits bras, donc). Et alors que le navigateur regarde ailleurs, la créature répare l'astronef (comment? et ben tu sauras pas!) Le navigateur quitte donc la planète en laissant la créature. Il rentre sur Terre montrer les photos qu'il a pris de la créature. Quelques années plus tard, le navigateur décide de retourner voir la créature, mais arrivé sur la planète horrible et hostile il se rend compte que la créature est morte car elle était très vieille. Donc il décide de repartir mais il ne trouve pas la sortie (de la planète? essaye vers le haut, on ne sait jamais...). Mais au bout d'un moment, il trouve la sortie sans faire exprès et peut rentrer.

Musso et Lévy, accrochez-vous, la relève est assurée...