lundi 16 décembre 2013

Décodage

L'élève a un drôle de rapport au langage. Aux chiffres aussi d'ailleurs. Toujours est-il que son mode de communication diffère sensiblement du nôtre.

Mélu: Bon, voyons les absents... Julie est absente?
Kévin: Oui, et ya Julie aussi qui est absente.

Merci de suivre, Kevin.
Enfin, non. Merci de ne pas suivre. Ca te permet de ne pas du tout comprendre les différents niveaux de communication du cours et de te dénoncer tout seul de tes propres bavardages.

Mélu: Et dans le dialogue au discours direct, les indices de l'énonciation permettent d'identifier les interlocuteurs. Par exemple, dans la réplique de la ligne 2, qui est-ce qui parle?
Kevin: Ah, c'est moi, pardon...

Imparable.

Hélas, d'autres retournent facilement les ambiguités de langage en faveur de leur fainéantise:

Mélu: Pourquoi n'as-tu pas répondu aux questions 7, 8 et 9?
Valentin: Ben c'est vous qui l'avez dit! C'est la consigne!
Mélu: Ah? Montre-moi donc ça.
Valentin lisant la consigne: "Vous répondrez en faisant des phrases complètes sauf pour les questions 7, 8 et 9". 

Valentin dans sa capacité incroyable à occulter 5 mots de la consigne n'a pas non plus eu la présence d'esprit de se demander pourquoi cette idiote de Mme Mélu écrivait sur les sujets de contrôle des questions auxquelles il ne faut pas répondre.

De la même façon qu'un autre a visiblement oublié que le système métrique international était le même de part de d'autre du seuil de la salle de Français

Mme Mélu: Pour la rentrée, vous lirez les 8 premiers chapitres du livre.
Kevin: 8? C'est énorme! Yen a combien en tout?
Mme Mélu: En tout, il y a 24 chapitres.
Kevin: Ah ouais, donc on lit la moitié, quoi!

Heureusement, parfois, la distorsion langagière entre nous et les élèves permet d'évaluer leur excellente compréhension du texte. J'avais moi-même expérimenté la spontanéité adolescente appliquée à Shakespeare pendant mon inspection. Ma stagiaire (quoi, je ne vous ai pas encore parlé de ma stagiaire?) en a découvert aussi les joies pendant un de ses cours auquel j'assistais:

Mme Clochette: Au retour de son tour du monde en 80 jours, Phileas Fogg entre au Reform Club très calme, impassible, en disant "Me voici, messieurs". Qu'en pensez-vous, de cette entrée?
Dylan: C'est swag, m'dame!
Et Mme Mélu, ravie, de noter au fond de la salle, que Mme Clochette a atteint un objectif impensable: rendre Jules Verne swag.

lundi 25 novembre 2013

Allô docteur!

Il est parvenu à mes petites esgourdes que mes articles sur ce blog se faisaient rares et que j'étais rien qu'une espèce de grosse feignasse de prof. Si-si, ne niez pas, je sais que vous l'avez pensé très fort. Et bien sachez qu'il y a une très bonne raison à cela: j'ai été malade. (et puis après ya eu les vacances.) (Et puis après j'ai eu la flemme).

Mais genre malade, bien comme il faut, genre les gamins sont carrément en danger quand ils sont dans la même pièce que moi, soit par contagion, soit par impossibilité de faire rempart de mon corps en cas de déferlement d'énergie infantile.

Parce que, rappelez-vous, cette joie incroyable quand, à 7h55 le lundi matin, vous appreniez, après dix minutes d'attente fébrile que votre prof de maths préféré était cloué au lit par une grippe carabinée.

L'envers du décor, le voici.

Un mardi matin, je me réveille avec la tête en vrac, la force d'une souris anémique et le temps de réaction d'une limace sous valium.
Petit coup de fil au collège pour leur dire que nos élèves seraient plus en sécurité sous la vigilance  d'un rasta alzeimer qu'avec moi et me voici au chaud pour la journée.

Certains établissements prennent en compte le fait qu'une laryngite carabinée ou même une migraine de compèt' peuvent nous rendre totalement inaptes à travailler avec des enfants. Ils tolèrent donc une demande d'absence pour raisons de santé sans demander de certificat médical, d'une ou deux journées s'ils sont vraiment très cool.

Mais bon: dans mon (nouveau) bahut et ayant un tantinet de conscience quand même, je décide de me rendre chez mon médecin.
Si j'ai une chance insolente, je peux même arriver à le voir dans la journée.

Pour ma part, j'ai eu la chance de toujours tomber sur des médecins relativement compréhensifs et j'ai même réussi à obtenir l'arrêt de travail salvateur une ou deux fois. 
Néanmoins, force est de constater que les médecins ont souvent une drôle de conception de notre métier.

Prof malade: "Bonjour docteur"
Médecin: "Vous êtes visiblement aphone".
Prof malade: "Oui, c'est infernal au travail, mes élèves ne m'entendent plus".
Médecin: "Pas de problème, vous n'avez qu'à écrire au tableau, après tout c'est l'essentiel. Je vous mets cinq jours de cortisone".

Mais bien sûr. En voilà un qui ne s'est pas retrouvé dans une salle close entouré de 26 gamins de treize ans depuis un bon moment. 

Prof malade: "Docteur, je me suis fait opérer du genoux, et je dois rester assise parce que je suis plâtrée jusqu'à la hanche.
Médecin: "Bon, d'habitude je fais des arrêts de travail, mais vous, ce n'est pas la peine, vu que dans votre métier vous êtes assise  toute la journée. Je vous mets quand même cinq jours de cortisone".

(oui, j'ai été étonnée de la fréquence à laquelle les médecins m'ont prescrit de la cortisone ces dernières années.)
Cher médecin, je vous invite cordialement à venir constater que ma chaise est la moins usée de toute la salle. ABATTONS CE PREJUGE: un prof (surtout en collège) ne s'assoit pas. Ne serait-ce que pour surplomber ses élèves et mieux les avoir à l’œil. Je passe mes heures de cours à arpenter la salle. Au point que j'ai demandé à faire retirer des estrades pour éviter de transformer chaque cours en séance de step
Oui, je fais un métier plus physique qu'il n'y paraît.

Mais parfois se produit ce soulagement intense: l'arrêt de travail est signé. Il s'agit maintenant de le remplir et de l'envoyer.
MAIS évidemment, la fonction publique ne fait rien comme tout le monde.
Sur un avis de travail, vous avez toutes sortes d'indications concernant les personnes à qui adresser les différents feuillets. Bien pratique quand vous n'êtes pas arrêté souvent ou que c'est votre première fois. 
Si vous êtes fonctionnaires, il ne faut en respecter aucune: nous ne dépendons pas de la sécurité sociale et n'avons ni médecin conseil ni même médecin du travail d'ailleurs (même pas pour la visite médicale qui a lieu... une fois, à l'embauche).


 Donc on retourne la fiche et on lit l'encadré "fonctionnaire".

Sauf que notre employeur... c'est le rectorat. MAIS-MAIS-MAIS l'arrêt de travail, en fait, est à envoyer au secrétariat de notre établissement. J'ai d'ailleurs posé la question à la secrétaire: le rectorat ne voit jamais ce papier, c'est elle qui se charge de le traiter. Et ça, c'est écrit nulle part. En un mot: démerdez-vous.

Une fois cela réglé, je peux enfin agoniser au fond de mon lit en attendant le retour de toutes mes facultés.

Lorsque je n'ai pas de chance, le docteur tâtonne un peu pour trouver ce qui ne va pas. Il faut dire que quand on bosse avec des enfants, on est tout particulièrement exposé à tous ces satanés virus que les enfants eux-mêmes ramènent à la maison.


Mme Mélu: "Docteur, je tousse depuis huit jours, ça ne passe pas."
Docteur: "Bon, je vous prescris du paracétamol, du sirop pour la toux".

Mme Mélu: "Docteur, je tousse toujours, ça fait deux semaines maintenant".
Docteur: "Etrange. Passons aux antibiotiques".

Mme Mélu: "Docteur, la toux ne s'arrête pas, au bout de trois semaines je commence à avoir mal dans le dos..."
Docteur: "Vraiment bizarre. Allez passer une radio des poumons et faites une prise de sang".

Docteur: "Bon, d'après votre prise de sang, vous avez fait une coqueluche. Je vous prescris donc les médicaments adéquats, même si vous n'êtes plus contagieuse depuis bien deux semaines..."
Mme Mélu: "Je me disais bien aussi qu'un mois à tousser, ça pouvait pas être juste une bronchite..."

La coqueluche. Genre le truc tellement contagieux que tout le monde est censé être vacciné (y compris moi d'ailleurs, qui étais censée l'être). Genre que dans la loi, quand tu l'as, tu es banni de l'établissement à part peut-être si tu portes une clochette.
Alors vu le milieu dans lequel je travaille, j'ai pensé qu'il était courtois et prudent de prévenir mon chef d'établissement, ne serait-ce qu'au cas où il ait remarqué une recrudescence de "bronchites" particulièrement coriaces.

"Ah heu... Bon, surtout, vous ne le dites à personne. Inutile d'affoler tout le monde."

Ah. 

OK.

Bon ben je vais reprendre un peu de cortisone, moi.

lundi 7 octobre 2013

Tout est question de priorités

 J'avais déjà vu les enfants excusés de cours le lundi matin parce que "ce week-end c'était la communion de la cousine".

J'avais déjà entendu des parents se déplacer pour contester une heure de retenue parce que "bon, il a frappé personne quand même", il a juste dansé sur une table au beau milieu du cours avec son classeur en guise de couvre-chef, une bagatelle...

Mais je n'avais encore jamais vu de parent intervenir à la réunion de rentrée et interpeller depuis le haut de l'amphi la gestionnaire de l'établissement pour se plaindre que "à la cantine ya que des légumes, du coup mon fils l'année dernière il a rien mangé, vous pourriez faire des pâtes de temps en temps!"

Tout est définitivement question de priorité pour nos géniteurs d'apprenant.

C'est vrai que les légumes bio issus de la production locale qui sont au menu, franchement, c'est pas digne d'un collège trois étoiles.


J'ai également une petite pensée pour la maman qui a inscrit dans le carnet de correspondance de Jérôme, élève de sixième, que c'est bien normal qu'il n'ait pas fait ses devoirs de Maths pour la deuxième fois de la semaine, parce que bon, c'est quand même un gros changement de rythme et qu'on pourrait quand même lui laisser le temps de s'adapter, surtout qu'il manque de confiance en lui.
Je n'ose imaginer ce qu'elle va me répondre sachant que j'ai vu son message au prof de Maths précisément parce que je comptais écrire dans ledit carnet que les devoirs de Français non plus n'étaient pas faits cette même semaine. Il a décidément de gros problème d'adaptation, ce Jérôme...
Priorité, je vous dis!

D'ailleurs, Jason, élève de cinquième, n'avait pas fait son travail non plus cette semaine, mais lui a une excuse: suite à un litige avec l'intendance concernant l'état des livres scolaires restitués l'an dernier, il a écopé d'une amende que les parents contestent et refusent de payer, moyennant quoi le collège cette année refuse de lui prêter des manuels tant qu'il n'a pas régularisé sa situation. Au grand bonheur de Jason qui se la coule douce.
Alors évidemment, au premier autographe pour travail non fait que Jason a obtenu de sa prof de Français préférée, une jolie prose de sa maman m'a expliqué le pourquoi du comment de l'histoire, et surtout à quel point la résistance héroïque contre une peine indue de 3€ justifiait bien que Jason ne puisse pas travailler normalement.

"Madame,
L'exercice que Jason n'a pas fait et qui a justifié la mention dans son carnet pour travail non fait était sur une fiche photocopiée. Il n'a probablement pas jugé opportun de vous le préciser lorsqu'il vous a fait signer ladite mention.
Cordialement,
Mme Mélu"

Oups.

lundi 23 septembre 2013

Brève de salles des profs

Cette année, j'ai un collègue presque aussi théâtral que moi, ce qui n'est pas peu dire quand on me connaît.

Le problème, c'est qu'il m'a grillée. Forcément, il a l'oeil.

Il a tout de suite remarqué l'application avec laquelle j'assortis la couleur de mon eye-liner avec celle de ma veste ou encore mes boucles d'oreilles avec mon vernis à ongle. 

Non, pas superficielle! THE-A-TRALE. Nuance.

Le souci c'est qu'il a embrayé sur le fait que lui, quand il s'est habillé ce matin, l'a fait avec son gamin cramponné à la jambe, probablement demandeur d'une affection très méritée (ou avec la ferme intention de pourrir la vie de son prof de paternel, ce qui revient sensiblement au même quand on mesure moins d'un mètre). 
Le costume impeccable qu'il arborait n'en a que plus de mérite, je le reconnais.

Du coup, je suis non seulement devenue la prof assortie sur tous les petits détails au point de flatter le sens esthétique de ses collègues, mais en plus celle qui a le temps le matin de manier le pinceau pour tracer des arabesques sur ses yeux ou laquer ses ongles en rouge les dimanche après-midi.

Je crois qu'ils vont m'attendre au tournant pour le jour où je vais arriver en jean-basket par accès de flemme.

Mais je voudrais vous y voir, vous: les élèves passent cinquante-cinq minutes à me détailler des pieds jusqu'à la tête. 
Je suis une mauvaise prof: je me sers de mon apparence pour capter l'attention des élèves.
C'est vrai, autant leur donner quelque chose à regarder.

N'empêche, ça fait un cours qui sort de l'ordinaire. Et puis, j'endosse mon costume de travail. Certains ont des uniformes, d'autres des blouses. Moi, j'ai mon attirail de littéraire excentrique. Je ne trompe pas sur la marchandise. 

Et puis sérieusement, vous en trouverez, vous des profs qui vous font des cours de littérature habillés subtilement sur le thème Harry Potter ou Oliver Twist. Ca met dans l'ambiance! Je persiste et signe.

THE-A-TRALE.

Ce qui me rappelle que depuis ma visite au Making Of Harry Potter, je dispose pour accompagner ceci...

De ceci:


Dans ma recherche d'une identité visuelle excentrique ET culturelle. Et THE-A-TRALE.

lundi 16 septembre 2013

Faut pas nous la faire!

On peut être en 6ème et avoir déjà l'esprit critique bien affuté, pour ne pas se laisser abuser par les contes de fée de nos ancêtres ou les tentatives culturo-spirituelles vaines.

Prenez justement "Les Fées", de Charles Perrault. L'histoire d'une pauvre fille maltraitée par sa soeur et sa mère, qui croise une fée près d'une fontaine et qui se montre si bonne et si douce avec elle que la fée la récompense en lui offrant le don qu'à chaque parole prononcé, il lui sorte de la bouche une fleur ou une pierre précieuse. Chassée par sa mère, elle rencontre un Prince à qui elle raconte son histoire, qui tombe amoureux d'elle et l'épouse. Happy End.

Zoé, onze ans: "Ouais, enfin... Il a quand même attendu qu'elle lui crache des pierres précieuses et des perles pour tomber amoureux, hein. Alors amoureux..."

Bravo, Zoé. Tu iras loin dans la vie.
Surtout en apprenant à remettre à sa place les mauvaises profs qui se croient drôles.

Prof pleine d'entrain: "Et vu que l'histoire commence à partir de "cette année-là", on encadre les mots "Cette année-là" [à prononcer avec une petite voix nasillarde et un rythme disco bien sûr, ndlblogueuse]"

Aucune réaction des élèves.
Prof pleine de suffisance: "Il faut que j'arrête de faire des blagues, vous ne les comprenez pas..."
Zoé, qui ne perd pas le nord: "Ben si madame, on a compris, mais on va pas rire pour ça quand même..."


lundi 9 septembre 2013

Il faut un début à tout...

Le fait d'être une nouvelle prof de l'établissement me rend encore plus mauvaise que d'habitude.
Il y a d'ailleurs quelques petits trucs qui m'agacent prodigieusement dans ma situation de petite nouvelle.

"Madame, c'est par où l'entrée du terrain de sport?
- C'est par là je pense...
- Non, c'est par là, M'dame, là-bas c'est le parking".

"Et donc on se revoit demain, à 14h...
- 13h30 vous voulez dire, m'dame.
- Hein?
- Ben les cours commencent à 13h30 l'après-midi.
- Ah oui, c'est vrai..."

Et surtout:
"C'est quoi ce bruit?
- La sonnerie, m'dame!"

Ah. La sonnerie. Dans mon nouveau collège, la sonnerie, c'est une musique. Une petite musique sud-américaine, avec percussion et paroles. Balancée à fond dans tous les hauts-parleurs dont celui placé précisément DANS la salle des profs découlant probablement d'une sorte de propension professorale à faire durer la récréation.

Du coup, pensez bien que la première fois que je l'ai entendue, je me suis demandée où était le concert.

Ah et vous la voyez, là, la prof devant sa salle qui danse et se déhanche en attendant ses élèves? C'est moi.

Et oui, faut pas me donner des joujoux.

mercredi 4 septembre 2013

A Brave new world

Cette année, j'ai décidé d'expérimenter une des péripéties du métier d'enseignant que je n'avais pas vécue : j'ai changé d'établissement.
Péripétie, je pèse mes mots, car la mutation relève d'un véritable parcours du combattant.

Petit cours d'arithmétique: chaque poste de professeur "coûte" un certain nombre de points. Plus le poste est demandé, plus il faut de points pour le décrocher. Vous suivez?
Pour avoir des points, il y a plusieurs manières: l'ancienneté, le rapprochement familial, l'échelon, ...
En bref, pour faire grimper tes points au maximum, il faut:
- être depuis dix ans dans le même bahut
- vivre à deux cents kilomètres de ton conjoint
- ...depuis cinq ans
- avoir trois enfants dont un handicapé
- être volontaire pour aller dans un bahut pourri où personne veut aller.
- être copain comme cochon avec l'inspecteur (en désespoir de cause)

Là, tu peux peut-être tenter Paris intra-muros. Sinon, il va falloir calculer. Parce que les points nécessaires pour obtenir un poste varient en fonction de la demande. Tout le monde veut muter? Les points chutent! Personne bouge? Pas de place et les points grimpent. Création de poste? Alleluia! Suppression de poste? Aie aie aie, c'est pas cette année que tu bougeras... Parce que celui dont le poste a été supprimé, on le console en lui donnant mille point d'avance. Donc c'est pas avec tes pauvres petits 30 points d'ancienneté que tu te la couleras douce dans le bahut de tes rêves.
Mais bon, quand faut se lancer....

Après il y a deux cas de figure: 
Soit tu ne changes pas d'académie (ces groupes de département qui forment le système scolaire français).
Dans ce cas, en mars, tu peux déposer ta demande sur le site internet en faisant tes voeux. Après tu attends, cool Raoul, parce que au pire, si ta demande est pas satisfaite, tu gardes ton poste actuel et tu fais subir ta frustration à tes collègues toute l'année au point qu'ils font partir quelqu'un en retraite anticipée dans le bahut voisin pour que tu prennes sa place.

Soit tu changes d'académie. Et à ce moment-là, mieux vaut savoir anticiper.
En novembre, tu peux déposer ta demande sur le site internet en faisant tes voeux. Et après, tu attends mars pour la réponse.
Si la réponse est positive, félicitations, tu es déjà dehors. Déjà s'ouvre la phase pour ceux qui ne changent pas d'académie et déjà, les gens peuvent postuler sur TON poste.Toi, tu fais tes voeux dans ta nouvelle académie MAIS pas cool Raoul du tout car comme tu es déjà dehors, si on ne peut pas satisfaire tes voeux, on ne te renvoie pas dans ton académie: on t'envoie où il y a de la place. Donc vaut mieux pas se louper, et bien avoir réfléchi avant de dire "je me barre de cette académie".

Et histoire de simplifier les choses, les points se répartissent différemment suivant le type de voeu que tu fais. Petit exemple:
Tu rêves du collège de Poudlard. Il faut 150 points pour l'obtenir.
Tu demandes le collège de Poudlard. Tu n'as que 40 points (parce que tes cinq ans d'exil (cf plus haut) ne sont pas pris en compte pour ce type de voeu). Tu ne l'as pas
Tu demandes n'importe quel établissement sur le groupement de commune où se situe la commune du collège de Poudlard. Tu as 200 points. Tu l'as. 
Ah oui mais quelqu'un qui avait 200 points aussi a demandé aussi le collège de Poudlard et lui, ses points sont pris en compte sur le voeu précis. Ah ben non, tu l'as pas. Tu as le collège d'à côté. Et bien les boules.


Oui, je sais, c'est pas clair. D'où des heures passées à explorer et vérifier tous les documents, petites lignes, pièces justificatives pour être sure que mon dossier soit complet et irréfutable.


Mais pour ma part, une bonne fée s'est penché sur mon berceau (ou, pour citer mon ex-collègue d'espagnol, j'ai "un cul bordé de nouille"), j'ai réussi à obtenir un collège ultra bien situé et neuf. NEUF genre c'est sa deuxième rentrée en tout et pour tout.
Genre il est tout propre, ya RIEN d'écrit sur les murs ni sur les tables.
Genre les stores électriques MARCHENT! Et ils sont électriques (genre t'appuie sur le bouton, et ils se ferment tout seuls pour que tu puisses séparer Kévin et Bryan qui se battent)!
Genre quand je rentre dans la salle, la lumière elle s'allume toute seule.
Genre ya des ordinateurs et des vidéoprojecteurs dans TOUTES LES SALLES.
Et dans la mienne, ya même UNE IMPRIMANTE!
Genre on fait l'appel sur l'ordinateur et ça envoie à la vie scolaire sans passer par les maudits cahiers d'appel ou petite fiche de naze.

...

Genre les étagères du CDI sont complètement vides.
Genre ya pas assez de manuel pour les élèves alors pour les profs n'en parlons pas.
Genre ya même pas de fauteuil en salle des profs, ya que quelques chaises contre les murs.
Genre ya même pas les numéros des salles sur les portes, c'est encore les codes de l'architecte (et c'est pas simple quand on est une pauvre petite prof de français fâchée avec les chiffres).
Genre les bus, ils savent pas encore que le collège est là, alors ils y vont pas.
Genre ya un super "plateau" (moi j'appelle ça un stade, quand ya un terrain de sport de ballon entouré par des couloirs pour courir, mais apparemment non) tout joli avec des marques au sol qui brillent tellement elles sont neuves... mais ya pas encore de gymnase ni de vestiaire et que quand il pleut, on fait EPS dans la salle polyvalent qui fait aussi amphi.


Un monde nouveau auquel s'adapter!

Dès demain, je rencontre mes nouveaux élèves. 
J'ai hâte.

lundi 8 juillet 2013

Brevet 2013, un joli millesime


Cette année, au grand plaisir de la dévoreuse de livres que je suis, nos élèves de 3ème ont pu composer sur un extrait du roman de Laurent Gaudé Le Soleil des Scorta.

Cette année, au grand désespoir de la prof que je suis, mes élèves de 3ème ont réussi à sortir à l'écrit des énormités plus grosses qu'eux.

A commencer par la première question.

Rappelons le contenu du texte: au début du XXième siècle, un groupe d'Italiens s'entasse avec des centaines d'autres passagers sur un bateau qui quitte l'Europe pour les emmener jusqu'au port de New York. 

Q: Vers quel continent le bateau se dirige-t-il?
R: Le continent Atlantique.

On aura probablement confondu avec une terre légendaire engloutie sous les eaux.

Q: Qui la narratrice désigne-t-elle par le mot "crasseux"? Que pensez-vous de cette expression?
R: Le mot "crasseux" désigne les immigrés italiens. Je pense que ce n'est pas très sympa, parce que ce n'est pas de leur faute s'ils sont noirs.

Mes connaissances en ethnologie sont peut-être limitées, mais il me semble que l'Italie est un peu trop au Nord pour avoir la peau noire comme caractéristique physique.

Q: Pensez-vous que le personnage a raison de dire que "la vie commence"?
R: Oui, il a raison, car il aura une vie meilleure à New York, l'Italie est en crise et connaît de gros problèmes, d'ailleurs il le dit ligne 18: "au loin, l'Italie disparaissait".

Ahem... revoir les notions de polysémie, ya urgence...

La rédaction réservait elle aussi son lot de bizarreries. Il s'agissait, pour le sujet d'invention, d'écrire la suite du texte, à savoir les premiers jours des immigrés aux Etats-Unis. Petit florilège:

Qu'est-ce qu'elle est belle cette ville! Un buffet d'accueil attend les Italiens et on leur propose de consacrer leur première journée à visiter la ville. Après une petite balade en taxi qui leur coûte une petite centaine d'euros, ils découvrent Manhattan et ses superbes boutiques de luxe, et ils poussent jusqu'à Hollywood où ils croiseront de nombreuses vedettes. Ils rencontrent alors un homme très gentil qui propose de les héberger pour la nuit, mais ils préfèrent prendre une chambre à l'hôtel Ibis, un hôtel réputé pour les nombreuses célébrités qu'il accueille. Mais le lendemain, lorsqu'ils rentrent, ils trouvent la chambre sens dessus dessous. Ils décident donc de prendre le premier avion pour rentrer en Italie.

Aaaaah le monde de l'immigration des Bisounours...

Bon, je serai bien mal placée pour critiquer le bon sens des candidats. A la pause, je profite d'une conversation avec mes élèves pour faire des pronostics sur le thème du sujet de réflexion, nouveauté made in Brevet 2013.

"Rhoooo avec un texte sur des immigrés italiens, je suis à peu près sûre que vous allez être interrogés sur les étrangers ou quelque chose d'approchant..."

Je suis une mauvaise prof: je n'ai AUCUNE intuition. Sujet proposé:

"Pensez-vous que l'idée d'un ailleurs qui fasse rêver est toujours d'actualité?"

Ok, je sors.

Bon, par contre, l'avantage de s'occuper du Brevet, c'est qu'on peut aussi zyeuter ce qui se passe dans les autres épreuves. Pour ma part, j'ai surveillé l'épreuve d'Histoire-Géographie-Education Civique. Et comme je suis une mauvaise prof, dès qu'un élève quittait la salle, je me précipitais pour jeter un oeil à sa copie, et notamment aux fameux repères, schémas et cartes.

52 avant JC: 1ère république.

1492: fin de la guerre.

Racontez la guerre de Corée: La Guerre de Corée fut une guerre terrible, qui dura très longtemps et fit des milliers de morts.

De quelle mesure parle le document? Le document parle du droit de vote pour les femmes donné par Chirac en 2002.

Que représentent les chiffres sur l'écran pendant le débat entre les deux candidats à la présidence? Les résultats des élections (on peut donc gagner à 54:07 voies contre 52:31)

Quel bâtiment est représenté en arrière-plan sur le décor de ce même débat? La Maison Blanche (Messieurs Sarkozy et Hollande seraient surement flattés, plus bien sûr que dans la copie qui a répond "Rome").

Citez un acteur de la coopération internationale: Jean Dujardin.

La carte était un festival, car on a eu l'audace d'interroger en géographie les élève sur un sujet très difficile : la France! C'est ainsi que les Alpes se sont retrouvées à cheval sur le Rhône, que Bordeaux s'est promené en Bretagne, que la région Languedoc-Roussillon a côtoyé la Champagne-Ardenne et qu'un candidat prudent a préféré colorier la seule région qu'il était sûr de connaître: la sienne.

Oui, pendant le Brevet, les mauvaises profs se marrent.

Mais les élèves aussi. 

Notamment quand ils voient Mr Merlin essayer par tous les moyens de faire la conversation à Mme Mélu qui tente subtilement de lui faire comprendre qu'une surveillance d'examen se doit d'être silencieuse, en plongeant le nez dans un livre. Peine perdue: le livre prévu était trop court et à peine la dernière page était-elle tournée que toute la salle a pu apprécier les bavardages de Monsieur à grand renfort de "Qu'est-ce qu'il fait chaud" et autre "J'aurais dû emmener le journal, mais c'est pas discret" ou encore "Et il est bien, ton livre, sinon?"


Mes élèves de 3ème qui liront ces lignes: pardon, sincèrement, j'ai tout fait pour essayer de le faire taire...

Félicitations à tous ceux qui ont réussi leurs examens et je croise tous les doigts pour ceux qui attendent encore leurs résultats!

lundi 24 juin 2013

Encore des mots, toujours des mots...

Aaaah les examens. L'heureux moment où l'élève ne peut plus se planquer derrière la classe, attendre que les choses se fassent sans lever le petit doigt. Où un sujet pourtant sur programme lui rappelle que non, Nabilla et Secret Story ne constituent pas encore un objet d'étude scolaire.

Et cette année, comme l'an dernier, on commence par l'oral d'histoire des arts des 3èmes. Et à l'oral, tu es face à ton destin au jury, pas d'échappatoire, faut assumer le vide.
Et chaque année, je suis épatée par la facilité avec laquelle certains l'assument, ce vide.

Jury: Alors, tu nous parleras du film Indigènes.
Elève: Oh non, c'est celui que je connais le moins!
Jury (qui reste calme): Ah, c'est dommage, mais ce sont les règles de l'examen.
Elève: Non mais je connais vraiment rien!
Jury (qui commence à s'agacer): Il figure pourtant sur la liste d'objets d'étude que TU as sélectionnés.
Elève: Oui mais je l'ai vu il y a super longtemps.
Jury: Alors pourquoi l'avoir choisi?
Elève: Parce que je croyais que c'était facile, mais en fait non.

Alors oui, hein, les élèves doivent choisir eux-mêmes, parmi tout ce qui a été fait dans l'année, les 5 sujets qu'ils vont préparer pour l'oral. Donc normalement déjà, ils savent à peu près sur quoi ils vont tomber.
Mais ça ne les empêche pas de se retrouver dans le vide à la première question, la plus basique qui soit.

Elève: C'est une oeuvre qui fait partie du street art...
Jury: Que veux dire "street art"?
Elève: Je sais pas. C'était pas dans le cours.
Jury: Réfléchis un peu: que veux dire "art"?
Elève: ben... art?
Jury: Et"street"?
Elève: heu... "rue"?
Jury: Alors?
 Oui, l'élève a parfois du mal à comprendre qu'il suffit de remettre les mots dans l'ordre pour trouver sur quoi le jury veut l'amener:

Jury: bon, le contexte du chant des partisans, récapitulons... occupation, Charles de Gaulle, résistance, censure, Londres, ... Tu nous expliques pourquoi la chanson passait sur la BBC, radio anglaise?
Elève: ben je vois pas...

Là, je fais vraiment de mon mieux pour les aider quand même.

Surtout que certains, on les gifflerait presque de s'avouer vaincu aussi aisément.

Elève: alors le contexte, ben, les Juifs sont en guerre contre les Israëliens...
Jury: Ahem, c'est les mêmes...
Elève: heu, les Palestiniens, parce que les Juifs on leur a donné le pays des Palestiniens parce qu'ils avaient pas de pays.
Jury: Pas de pays? Ils étaient où alors?
Elève: Ben je sais pas...
Jury: Et bien fais appel à ta culture, quand as-tu entendu parler de Juif cette année?
Elève: Ben j'ai pas de culture, donc...

Non, mademoiselle, mais vous avez des cours d'histoire qui vous ont soigneusement raconté la Shoah, qui est au programme de 3ème. Mais ça ne doit pas être les mêmes Juifs, hein...

Jury: Quel autre art relevant du street art connais-tu?
Elève: je sais pas...
Jury: En musique par exemple?
Elève: je sais pas...
Jury: Mais si, de la poésie, presque pas chantée, en rythme...
Elève: je sais pas...
Jury: Même sans musique, parfois, juste des paroles rythmées...
Elève: je sais pas...
Jury: Bon, tu écoutes quoi comme musique?
Elève: Moi? Ben du rap, pourquoi?
Je vous passe bien sûr l'élève serviable et arrangeant:

"Bon, ben vu que j'ai rien préparé parce que j'avais oublié que je passais aujourd'hui, je vais pas vous faire perdre votre temps, vous me mettez zéro et on rentre tous chez nous?"

Mais bien sûr, Arthur. Assieds-toi, va, moi j'en ai, du temps à perdre pour toi, et je suis payée pour.

J'ai hâte de voir ce que ça va donner pour les écrits.

lundi 17 juin 2013

Flash-Back: Brevet 2012
Grand Manitou: "Ne vous inquiétez pas, mesdames et messieurs les professeurs de 3ème. L'année prochaine plutôt que d'entasser tous les élèves dans une grande salle, je fermerai le collège pour le brevet et nous les installerons dans les salles de classe, ce sera bien mieux".

Flash-Back, conseil pédagogique de Janvier 2013:
Grand Manitou: "Oui, nous fermons le collège pour le brevet, qui aura lieu le 27 et le 28 juin, ainsi que pour les corrections le 2 juillet"
Pensée de Mélu: ahem. Cours les 24, 25 et 26 juin, pas cours le 27 et 28, cours le 1er juillet, pas cours le 2 juillet, cours le 3, 4 et 5 Juillet. Sûrement une manifestation de reconquête du mois de juin.
"Non, madame Mélu: le 26, les 3èmes seront libérés de cours". 
Ah. Soit. Le jour où je ne les ai pas.


1er Juin 2013
Grand Manitou : "L'inspection académique ne veut pas que l'on ferme le collège. Donc il sera ouvert pendant le brevet. Et pendant les corrections. Donc les professeurs iront surveiller une heure puis iront faire cours à leurs autres classes l'heure suivante. Et on viendra chercher les professeurs de français dans leur salle le temps de la dictée, ils reprendront leurs cours ensuite"
Ah. Pourtant dans le collège d'à côté, ils ferment. Dans l'autre aussi. Dans tous en fait. Mais nous, on leur a fait quoi, à l'inspection, pour qu'ils veulent pas? On est puni?


7 Juin 2013
Grand Manitou: "J'ai décidé que les 24 et 25 juin, les 3ème n'auraient pas leurs cours normaux mais uniquement des révisions en Français, Histoire-Géo et Maths."
Heu... Mais les profs d'autres matières qui ont les 3ème ces jours-là, ils peuvent donc aller siroter des Mojitos en planifiant leurs vacances? J'ai comme la vague impression de me faire un chouïa entuber, là....
Hé d'ailleurs, si moi on m'envoie faire des révisions aux 3èmes, mes 6èmes, qui les prends? Ah ben personne? Donc eux aussi peuvent aller faire bronzette?
Je sens le piège...
Grand Manitou: "Ces révisions se feront sur la base du volontariat"
Heu oui mais moi, des élèves qui n'ont rien fichu de l'année, ne prennent pas leur cours, n'ont jamais leur classeur, sont inscrits à ces révisions. C'est pas que j'ai l'impression qu'on se fout un peu de moi, mais presque....
Grand Manitou: "Et si ils perturbent les révisions, vous les renvoyez de cours".
Ah d'accord. On a des quotas, ou on peut vraiment ??? Nan parce que bon, suffit que y'ait 4 ou 5 excités par classe (taux assez proche de la normale) pour que l'étude se retrouve à accueillir 20 rigolos qui lui feront péter les plombs. C'est qui qui va se faire accueillir par la CPE si elle renvoie les élèves? C'est Méluuuu!


14 juin 2013
Grand Manitou: "Bon, finalement, je décide de suspendre les cours le jeudi 27 juin pendant le brevet, pour des raisons de confort des candidats. La vie scolaire accueillera les élèves qui veulent venir quand même. Et aucun rapport avec le fait qu'avec 100 élèves en examen, une fois qu'on a mis assez de surveillants dans les salles et au secrétariat d'examen, ya plus grand monde pour faire cours..."
Méheu... Du coup, ceux qui surveillent pas les examens jeudi, ils vont finir les Mojitos? Pourquoi j'ai ENCORE l'impression de me faire entuber, moi...



lundi 20 mai 2013

La langue de chez nous

La Langue Française reste souvent un mystère pour nos chers têtes blondes...

"Un épouvantail? Oui, je sais ce que c'est, c'est pour faire du vent, m'dame!"

"Pleurer à chaudes larmes? Ah c'est pour ça qu'on dit fondre en larmes, c'est parce qu'elle sont tellement chaudes que ça fait fondre..."

"Quel sentiment désigne le mot irritation?
- La tristesse, m'dame.
- Tu es sûr?
- Oui, parce que c'est quand quelqu'un est mort.
- Quoi?
- Ben oui, quand quelqu'un est mort, on irrite, on touche une irritation!"

Mme Mélu: "Et puisqu'on parle cinéma et cérémonie, vous connaissez les Razzie? (cérémonie américaine qui récompense les pires prestations, ndlblogueuse)
Kévin: "Les radzies? ben c'est des légumes, non?"


Alors je ne m'étonne même pas lorsqu'un élève, en retour de sortie à Lyon, me demande:

"Mais madame, on ne sait toujours pas pourquoi ils s'appelaient Lumière, les gens qui ont inventé le cinéma!"


lundi 22 avril 2013

La parole est d'or

En ce moment, j'assiste à beaucoup d'oraux. Je m'incruste dans les rapports de stage, je fais le public en oraux de science. J'aime beaucoup: non seulement j'apprends des choses, mais en plus, je vois mes élèves sous un autre jour.
Mais j'avoue que ça dérape souvent.

Elève: "Alors j'ai fait mon stage à la gendarmerie... Ben c'était bien parce que le matin, on ne faisait pas grand-chose, on disait bonjour aux collègues et on buvait le café."

Elève: "Alors, concernant l'infertilité chez la femme, le premier problème, c'est les spermatozoïdes.... Ah non, pardon, c'est pas ça..."

Elève: "J'ai fait mon stage dans une pharmacie. Le premier jour, j'ai prescrit un médicament à un patient".

Elève: "J'ai fait mon stage dans une clinique vétérinaire. Alors le premier jour, on a euthanasié un chien. Le deuxième jour, on a euthanasié un chat. Le troisième jour, on a euthanasié un autre chien... En fait, en une semaine, j'ai vu cinq euthanasie."

Elève: "J'ai fait mon stage dans un laboratoire. Alors, ça c'est un pot pour les analyses de selles, et ça pour les analyses d'urines... Alors pour les analyses de selles, on met sur un papier pour vérifier la couleur...."

Et comme je suis une mauvaise prof, parfois, c'est même de ma faute.

Elève: "J'ai fait mon stage dans un salon de coiffure. J'ai commencé par préparer le café pour les clientes..."
Mme Mélu: "Un salon de coiffure qui sert du café aux clientes?"
Elève: "Oui, madame, il sert aussi du chocolat chaud"
Mme Mélu: "Donne moi l'adresse tout de suite!!!"

Elève: "Et donc pour éviter les insomnies, il vaut mieux faire le soit des activités relaxantes, comme lire ou regarder la télévision."
Mme Mélu: "Mais tu sais, on dit que regarder la télévision, avant de dormir ce n'est pas très bon..."
Elève: "Oui, en fait, il ne faut pas la regarder au lit, le lit doit servir à dormir et rien d'autre."
Mme Mélu: "Tu sais, on peut faire plein de choses dans un lit... Non, c'est pas ce que je voulais dire!"

Trop tard.

lundi 15 avril 2013

On ne m'y reprendra plus...

... et ben si.

Voyez-vous, pour mieux préparer nos élèves à cette épreuve redoutable et redoutée qu'est le Diplôme National du Brevet, nous avons organisé non pas un mais deux brevets blancs.

Petit Flash Back du Brevet Blanc n°1

(lumière d'ambiance, couleur sépia....)
On condamne la salle polyvalente, rebaptisée élégamment "sale peau!" depuis que les surveillants ont pris l'habitude de l'appeler "salle po'" devant des collégiens qui ne font pas toutes les connexions, et que nous connaissons tous sous sa fonction de salle d'étude.
On fait de son mieux pour répartir les élèves qui doivent être en étude dans des salles de classes.
On s'arrange pour faire tenir 114 tables individuelles dans la "sale peau!". Vu la distance d'un demi-double-décimètre entre chaque table, il devient très vite évident que la notion d'"individuelle" est fort surfaite.
En vue de faire commencer l'épreuve de Français (qui dure 3h15, pause comprise) à 13h45, on convoque les élèves à 13h30. Comme on croit encore au Père Noël et à tous les miracles de la Bible réunis, on pense sincèrement réussir à installer 114 élèves à des places désignées, les faire sortir leurs affaires, placer leurs sacs à l'avant de la salle, préparer leurs copies et faire l'appel en 15 minutes top chrono. 
Raté: on distribue les sujets en catastrophe à 13h50 avant de réaliser que les élèves ont toujours leurs sacs à leurs pieds. Et on passe 3 heures à râler que non, ils ne peuvent pas faire circuler leurs blancs/effaceurs/cartouches/règles/dictionnaires/calculatrices (que font ces calculatrices sur les tables pendant la rédaction, je vous le demande...) et que bon sang de ***, le jour de l'épreuve blanche, ils pourraient quand même faire l'effort d'avoir une trousse complète!

Comme nous tirons les leçons de nos expériences, le deuxième brevet blanc s'organise comme suit:

- les élèves sont largement prévenus qu'aucun échange ne serait-ce que d'un trombone ne sera autorisé pendant les épreuves.
- nous réquisitionnons une série de salle de classe pour répartir nos 114 élèves dans 5 salles d'épreuves. Ce qui demande bien évidemment 5 fois plus de surveillants, mais bon: il faut ce qu'il faut. Ce qui demande aussi 5 fois plus de professeurs de Français parce que bon, un professeur de Français, pour faire une dictée, c'est quand même mieux.


Jour J: 2ème Brevet Blanc
Accrochez-vous, c'est sportif.

7h30: le planning de surveillance et de réquisition pour le Brevet Blanc est affiché en salle des professeurs.
7h40: Mr Merlin signale qu'il lui sera difficile de venir installer les 3ème à 13h30 dans la mesure où il a cours de 13h à 14h.
"Pas de panique! " dit Mélu qui soigne son brevet blanc de Français (c'est mon épreuve à moi, quand même!). "Je te remplace pour installer les élèves, tu n'arriveras qu'à 14h!"

13h30: J'installe les 25 élèves prévues dans la salle qui m'est échue. 
13h40: Les consignes sont données, les sacs posés à l'avant, les copies prêtes, l'appel fait. Super Mélu avec un super groupe.
13h42: Brouhaha dans le couloir. Je sors jeter un oeil: le groupe de la salle d'examen d'à côté n'est pas rentré s'installer et poireaute toujours devant la salle. Je jette un oeil sur le planning de surveillance: la collègue chargée de venir à 13h30 au lieu de 14h pour l'appel n'a pas jugé utile de se déplacer. Sympa. En plus, c'est une prof de Français. En plus, de 3ème. Genre, elle peut pas trop prétendre n'être pas concernée, quoi. La notion de conscience professionnelle est elle aussi drôlement surfaite.
"Pas de panique! dit Mélu. "Mon groupe est prêt en avance, je peux prendre 3 minutes pour installer le groupe dans la salle d'à côté".

13h45: le principal adjoint nous apporte les sujets. L'épreuve commence. 
14h00: Mr Merlin arrive et me relève pour la surveillance. Je profite de cette heure libérée (vu que mes élèves sont en examen blanc) pour aller remplir quelques bulletins (et je passe en moins de vingt secondes de "prof de 3ème en examen" à "prof principal de 6ème" et non je suis pas schizophrène). 
14h20: je passe en salle des professeurs et je discute un moment avec mon collègue de Français à propos du sujet de Brevet Blanc que nous avons conçu ensemble.
14h40: je me rends compte que les 2 professeurs de Français de 3ème sont libérés, en salle des professeurs, alors que d'autres collègues ont été envoyés surveiller l'épreuve de Français du Brevet Blanc. Logique imparable. 
14h45: Je retourne dans la salle d'examen pour la dictée.
15h15: Je rédige quelques consignes pour les collègues qui prendront la suite de la surveillance: oui les élèves ont le droit au dictionnaire, non ils n'ont pas droit à l'Iphone et attention: il  y a deux sujets de rédaction AU CHOIX sur le papier ce qui veut dire qu'ils n'en font QU'UN SEUL. On n'est jamais assez clair.
15h20: Je récupère mes 6ème qui m'attendent depuis 20 minutes en étude pour ce qui reste de leur cours.


Le lendemain matin...
8h: J'attends mes 6ème devant ma salle.
8h10 : J'apprends que vu le bazar de réorganisation des cours dû au Brevet Blanc, le chef avait oublié de valider que je prenais les 6ème à 8h. Du coup, ils sont en Maths. J'ouvre un bouquin.

9h: Début de l'épeuve de Maths du Brevet Blanc avec les 3ème. Je surveille pendant 2 heures. Sans relève.
9h30: Je maudis la fameuse "tâche complexe" du sujet de Maths parce que je suis sûre qu'en utilisant un vieux souvenir de théorème qui parle d’hypoténuse, je peux trouver la distance entre les deux lumières sur le schéma, et pourtant je bloque à la dernière étape. J'enrage. Je ferais bien un schéma taille réelle sur une feuille de brouillon, mais si l'élève devant moi me voit faire, elle risque de me copier dessus en pensant que JE SAIS.
9h50: Sonnerie de la récréation. Je ressens une forte envie de café. Je suis complètement conditionnée.
10h05: Sonnerie de la fin de la récréation. Je me sens très seule dans ma salle remplie de matheux avec mon manque de caféine. 
10h30: "Oui, Kevin? "  "Madame, j'ai oublié mon rapporteur..." Pourquoi faut-il que dans une salle d'examen, le seul guignol qui se fasse remarquer alors qu'on a enfoncé tous les clous possibles, c'est un de MES élèves??? Kevin, je vais te jeter par la fenêtre. Et en revenant, s'il te plaît, passe me chercher un café.
11h: Fin de l'épreuve. Je me jette sur les bons élèves pour leur supplier de me montrer comment trouver la distance entre les deux lumières dans la tâche complexe de l'exercice 3.
11h05: Je trouve en salle des profs mon quota de copie de l'épreuve de Français d'hier à corriger. Par curiosité, je jette un oeil sur le tas de rédaction.
La première copie me semble bien longue....
Visiblement, le sens des mots "au choix" n'est pas acquis en 3ème.

lundi 8 avril 2013

Sortez une feuille, dictée!

La dictée fait partie des exercices aussi redoutés que sacralisés. Regardez d'ailleurs autour de vous: la plupart des gens sont d'accord pour dire que l'orthographe, c'est difficile, mais que faire des fautes, quand même, ça craint...

Pour ma part, je la fais descendre un peu de son piédestal et je n'insiste dessus qu'avec les 4ème et les 3ème où elle prend du sens au vu de l'approche de l'examen du brevet où une dictée de vingt lignes notée sur 6 malheureux points fait trembler nombre de collégiens.

Quelle n'a pas été ma surprise, en conseil de classe de 6ème, d'entendre la déléguée des parents d'élèves me dire:
"Les parents trouvent qu'ils ne font pas assez de dictée. Parce qu'ils écrivent mal".

Chère madame. Croyez-vous sincèrement que lorsqu'un élève arrive en 6ème, à douze ans, en faisant trois fautes par mots, une dictée par mois aura un effet miraculeux et le transformera en Bernard Pivot Junior? C'est être bien optimiste... A mon sens, cela ne servira qu'à le fâcher avec sa moyenne et à le faire douter de sa propre langue: il est déjà bien difficile pour eux d'arriver à écrire correctement les mots qu'ils comprennent et utilisent, imaginez une seconde ceux qui leurs sont étrangers.

 Ainsi la phrase "il ne l'avait jamais vu auparavant" devient en copie "il ne l'avait jamais vu au paravent".
Et le verbe "ondoyer" devient "ondouailler" avec une rigueur exemplaire, non?

Mais c'est justement chez les 6ème que les réactions face aux dictées sont les plus violentes.

"Kevin, ça fait trois fois que je répète la phrase et tu ne l'as toujours pas écrite.
- Oui, je sais!
...
- Kevin, tu as deux phrases de retard, à quoi tu joues?
- Oui, nan mais je sais!
...
- Kevin, trois phrases de retard!
- Oui, je sais.
...
- Bon, on a terminé, je relis tous le texte depuis le début. Kevin, profites-en pour rattraper un peu le retard.
- Oui, oui.
...
- Bon, je vous laisse relire tranquillement pour chercher vos fautes.
Kevin lève la main:
- Madame, ya quoi déjà après "princesse"?
Et Mme Mélu qui se retient de jeter Kevin par la fenêtre en constatant qu'il s'est bien arrêté à la première phrase.
Et lors de la correction de ladite dictée:
Kevin: M'dame, pourquoi j'ai zéro? J'ai que 3 fautes!
Le concept même de la dictée semble donc leur échapper.

Au fait, savez-vous quelle est la première question que posent les 6ème, quand on commence la dictée?
-Madame, les fautes d'orthographe, ça compte?

lundi 25 février 2013

Poor lonesome teacher

Ce que les gens pensent que je fais pendant deux semaines:


Ce que je fais vraiment:


Ouais, je sais, bien fait pour moi...

lundi 18 février 2013

Sur les chapeaux de roues

Un lundi matin de ces dernières semaines, en arrivant en salle des professeurs, je trouve une petite note dans mon casier:
La maman de Céline Dubois vient de nous apprendre que sa fille suite à une blessure, se déplacera en fauteuil roulant. Elle ne peut donc plus accéder à l'étage des matières littéraires et artistiques. Elle n'assistera plus aux cours d'art plastique et d'éducation musicale, et tous les cours d'histoire et de français de la classe seront transféré au rez-de-chaussée, dans la salle inoccupée.
Alors déjà, j'ai frémi, parce que si la salle inoccupée du rez-de-chaussée est inoccupée, c'est essentiellement parce qu'elle ressemble à un obscur placard à balai dont personne ne veut.

Mais surtout, Céline Dubois, élève de 6ème, s'est déjà bien fait remarquer par la professeure principale attentive que je suis. Céline Dubois n'aime pas l'école, fait des caprices à sa maman, donc elle ne vient pas en classe parfois. Souvent les jours où il y a contrôle. Souvent les jours où il y a EPS (parce que Céline n'aime pas trop ça, l'EPS). Céline Dubois emprunte les classeurs des autres élèves pour rattraper les cours qu'elle manque, mais comme elle est de nouveau absente ensuite, elle ne les restitue pas. Céline Dubois a déjà épuisé toute la page du carnet de liaison sur laquelle on signale les travaux non faits où le matériel absent.

Bref: Céline Dubois m'énerve.

Alors quand je vois qu'il faut déménager toute la classe de 6ème pour une élève qui est absente un jour sur deux, j'ai tendance à grincer un peu des dents. Mais passons. Sa blessure, elle ne l'invente pas, ne lui faisons pas de procès d'intention.

Donc Céline Dubois est arrivée en fauteuil. Outre le fait qu'il faille en permanence la pousser (elle ne semble pas avoir compris que les barres métalliques autour de ses roues ne sont pas là pour la déco), elle a eu quelques effets secondaires sur la classe.

Saviez-vous que les 6ème doivent toujours être huit pour pousser le fauteuil?
"Si-si m'dame, je vous jure, on est pas en retard, on était en train d'accompagner Céline! Tous!"

Saviez-vous qu'un ascenseur peut contenir un nombre impressionnant de personnes autour dudit fauteuil? Quand la porte s'ouvre devant moi, j'en vois sortir encore, et encore...

Saviez-vous qu'un fauteuil peut servir de bélier? Même contre la satané Mme Mélu qui pourrait au moins se pousser de devant la porte pour laisser le fauteuil rentrer en premier, allez bam!

Vous l'aurez compris, les 6ème ont trouvé là un nouveau jouet.

Malheureusement, comme tous les enfants, ils s'en sont vite lassés. Surtout quand Céline a recommencé à faire des caprices ou des maladies plus ou moins imaginaires (elle a été déplâtrée puis replâtrée, ils pourraient apprendre leur boulot ces médecins tout de même!)(pardon, encore un procès d'intention...) et donc que les élèves se sont vus condamnés à avoir cours dans le placard à balai sans raison, ou à se voir emprunter leurs affaires sans qu'on les leur rende...

Du coup, maintenant, il arrive que le fauteuil de Céline reste planté au beau milieu du couloir sans que personne ne le pousse.

Ou qu'elle reste seule dans la classe à la sortie parce que personne ne l'emmène.

Oui, la cruauté des enfants est sans limite... Et comme je suis une mauvaise prof, je n'ai pas pu m'empêcher d'en éprouver un peu de satisfaction. Niark niark.

Mais au-delà de ces cocasses anecdotes à roue, il y a bien évidemment un bug de départ: pourquoi ce fichu ascenseur ne peut-il pas accéder à toutes les salles du collège? Oh mais dites-moi est-ce qu'on ne serait pas aux normes???? Est-ce qu'on ne craindrait pas un petit procès?

lundi 11 février 2013

Doit y avoir un piège

Je me souviens avec nostalgie de mes heures de version latine, lorsque j'étais en khâgne, où le dictionnaire était autorisé (ce bon vieux (et lourd) Gaffiot) et où nous nous étions empressé de rajouter quelques pages histoire d'y retrouver nos déclinaisons et conjugaison, en cas de trou de mémoire...

Notez: version latine + khâgne + future prof = c'est une bonne élève qui parle.

Il semblerait que même l'art de tricher correctement soit réservé aux bons élèves. 

Ou l'art d'utiliser correctement le matériel qui nous est échu.

Lorsque mes élèves planchent sur le bilan d'un livre étudié en intégralité, ils ont la possibilité d'utiliser ce livre pendant le contrôle. Je suis bien sûre tout particulièrement attentive à ce qu'ils n'y planquent pas des antisèches, mais je me dis que je m'inquiète pour rien: ils ne regardent pas ce livre qu'ils ont pourtant le droit d'utiliser.

NB: dans les cas qui suivent, je vous ai bien sûr sélectionné les copies qui avaient osé une réponse, omettant toutes celles qui avaient soigneusement éludé la question.

Q: Quel est le titre de l'autre livre écrit par l'auteur de l'Odyssée?
R1: L'auteur de l'Odyssée est Homère.
R2: Le titre de l'autre livre est "Ali Baba et les quarante voleurs".
R3: Le titre de l'autre livre est Lylliade.
Extrait de la première page du livre (qui avait été étudié avec les élèves pendant la séquence, précisons-le, donc ils ne pouvaient en ignorer l'existence):



"Ah ouais mais il fallait chercher DANS le livre aussi..." Ok

Q: En quelle année est né et mort William Shakespeare?
R: Shakespeare est né en 1721 et mort en 1744.
Extrait de la quatrième de couverture du livre:


"Ouais, mais RETOURNER le livre, faut y penser, et puis c'est pas obligé que les dates de l'auteur y soient..."
(C'est vrai qu'on le manipule pas depuis un mois ce livre, il n'aurait pas été stupide de le retourner au moins une fois...) Mais soit:

Q: Qui est l'auteur du Petit Prince?
R: L'auteur du Petit Prince est Charles Perrault.
Extrait de la couverture du Petit Prince:

Dois-je vraiment passer aux questions de cours?

lundi 4 février 2013

Where no pupil has gone before...

Nous avons eu, mes collègues et moi, la bonne idée d'interroger nos élèves de 3ème sur la science-fiction dans le (sacro-saint et redouté) brevet blanc.
Enfin, interroger...
Leur proposer de lire un texte de science-fiction et de trouver qu'il s'agissait d'un texte de science-fiction, la présence des mots "planète" et "astronef" devant leur mettre assez subtilement la puce à l'oreille.

Car vous l'ignorez peut-être, mais le D(iplôme) N(ational) du B(revet) nous offre en 2013 sa toute nouvelle mouture. Dans laquelle ils ont osé commettre une horreur.
Nan mais une vraie.
Ils nous demandent d'interroger les élèves sur des questions de CULTURE.
 

Genre le truc qui s'apprend pas dans le cahier et qui oblige à éteindre Facebook ou les Frères Scott de temps en temps (et non Sexion d'Assaut ne compte pas).

Alors pour le premier coup, on a fait soft en se disant que bon, reconnaître l'univers austenien ou les références aux grandes dictatures du XXième siècle dans la littérature était un peu ambitieux pour des jeunes qui pensent que François Mittérand était contemporain de Victor Hugo et que les Chtis à Las Vegas sont un symbole de réussite sociale, donc nous avons choisi de leur demander de reconnaître ce qui dans le texte relevait du film d'horreur futuriste (des fois que l'un d'eux ait l'idée lumineuse de regarder Alien ou La Planète des Singes (mais pas celui de Burton) (quoi que c'est toujours mieux que rien comme point de départ))

A notre grand soulagement, la question n'a pas semblé trop leur poser de problème. 

Mais l'arbre masquait la forêt. Dès la question grammaticale suivante.

Q: "Relevez deux comparaisons et expliquez leur rôle dans l'impression d'horreur que produit la planète".
R: "Les deux comparaisons sont "comme un serpent" et "comme un caméléon". Cela crée l'horreur car on compare avec des insectes et personne n'aime les insectes, ça fait peur.

Ca me rappelle vaguement ma collègue de SVT qui se plaignait que les 6èmes classaient spontanément le lézard parmi les plantes...

Mais le pire, comme toujours, tient dans la rédaction. Certains se plaignent que les jeunes ne savent pas faire une phrase sans y outrager vingt-huit fois l'orthographe. Moi, j'aimerais parfois que ce soit le seul problème.

Premier sujet: les élèves devaient écrire un texte de réflexion expliquant s'ils aimaient ou pas les livres et les films de science-fiction.

Outre le fait que certains n'ont pas compris que "de science-fiction"portait autant sur les films que sur les livres et se sont empressé d'écrire un texte expliquant pourquoi ils n'aimaient pas les livres (l'occasion était trop belle!), d'autres ont soigneusement expliqué ce qui ne leur plaisait pas dans Harry Potter ou le Seigneur des Anneaux.

Je vous rappelle, hein: "astronef", "planète"...

Le deuxième sujet demandait aux élèves de raconter la suite et la fin de l'histoire de ce navigateur, bloqué sur une planète hostile suite à la panne de son astronef.

Et là...

Voici un petit texte type de tout ce qui m'a poussé à conclure que ces élèves avaient dû rater quelque chose au cours des quatorze dernières années.

Le navigateur se lance donc dans l'exploration de la planète horrible et hostile. Il découvre une grotte, bien pratique pour qui a besoin de s'abriter. Le navigateur l'explore donc, dans ses moindres recoins, puis il monte à l'étage (oui, sur cette planète, les grottes ont des étages). C'est alors que le navigateur tombe nez-à-nez avec une créatures horrible et hostile (notez la richesse du vocabulaire). Mais alors qu'il pense qu'elle va le dévorer, elle se est en fait gentille et ils deviennent amis. Le navigateur se dit alors que la créature pourrait l'aider à réparer son astronef. Il ramène donc son astronef (en panne, rappelons-le) dans la grotte (à la force de ses petits bras, donc). Et alors que le navigateur regarde ailleurs, la créature répare l'astronef (comment? et ben tu sauras pas!) Le navigateur quitte donc la planète en laissant la créature. Il rentre sur Terre montrer les photos qu'il a pris de la créature. Quelques années plus tard, le navigateur décide de retourner voir la créature, mais arrivé sur la planète horrible et hostile il se rend compte que la créature est morte car elle était très vieille. Donc il décide de repartir mais il ne trouve pas la sortie (de la planète? essaye vers le haut, on ne sait jamais...). Mais au bout d'un moment, il trouve la sortie sans faire exprès et peut rentrer.

Musso et Lévy, accrochez-vous, la relève est assurée...

mercredi 23 janvier 2013

Les petits oiseaux, les petites abeilles...

Autant avec les grands élèves, il est facile de jouer sur les mots et d'attirer leur attention par toutes sortes de sous-entendus.

Avec les petits élèves de 6ème, c'est parfois si dur de pendre en compte leur innocence...

Cours sur les récits de la mythologie.

- Madame, vous avez bien dit que Jupiter, il se métamorphosait pour enlever des jeunes filles?
- Oui, c'est bien ça.
- Mais pourquoi il faisait ça?
- Parce qu'il tombait amoureux.
- Mais si elle l'aimait pas, elle?
- Tu sais, c'est un Dieu, on a vu que les Dieux ne demandent pas toujours leur avis aux mortels...
- Mais du coup, avec Europe, là, il l'emmène où?
- Hé bien... loin, sur une île, pour l'avoir à lui tout seul...
- Et pendant combien de temps? Et ils faisaient quoi?
- Hé bien heu... Pendant quelques temps, jusqu'à ce qu'elle rentre chez elle par exemple...
- Mais il restait pas avec elle après l'avoir enlevée alors?
- Non, ensuite il la laisse quand ils... heu.... quand il ne l'aime plus.
- Et ensuite il en enlève une autre?
- Oui, il tombe amoureux souvent.
- Mais il est pas marié, Jupiter?
- Si, avec Junon.
- Mais il aime pas sa femme?
- Heu... si, mais tu sais, les Dieux, heu...
- Mais c'est bizarre, quand même, Madame!!!

Ahem...