jeudi 12 janvier 2012

Copy or not copy

Les paquets de copie sont notre croix. On les regarde en espérant qu'ils fondent tous seul (rêvons...).
Les copies sont aussi la croix des élèves. Rien que la présentation d'une copie est parfois un vrai casse-tête. Le bon prof le leur aura appris, en prenant soin de leur signaler qu'il y aurait des points de présentations. Du coup, si on conjugue bon prof et bon élève, voici ce qu'on devrait obtenir:


Bien rigide, bien organisé, l'élève est rassuré: il a LA méthode à appliquer et dès que le prof demande de préparer une feuille, demande systématiquement: "Il faut faire un cadre???"

Je suis une mauvaise prof. A mes élèves, je réponds: "Vous présentez comme vous voulez, du moment que c'est propre et que vous n'écrivez pas sur la première page de la copie double".

Blocage. Parce que l'élève craint toujours que lorsqu'il fait "comme il veut", ça soit forcément "pas comme veut le prof" donc "mauvais" voire "sanctionné". L'élève-machine-à-appliquer-des-consignes ne sait pas faire si on ne lui dit pas comment faire. Il répond donc: "Oui mais on fait un cadre ou pas?"

Et là le prof s'énerve: "Mais tu as écouté ce que je viens de te dire, scrogneugneu de scrogneugneu???!!!"
En même temps, combien de fois moi-même leur ai-je reproché de ne pas respecter les consignes (aujourd'hui encore...).

Question d'une mauvaise prof: comment leur apprendre à faire preuve d'autonomie et d'initiative (c'est dans nos instructions officielles, c'est une des compétences à valider) quand on passe notre temps à leur reprocher de ne pas faire ce qu'ON leur dit?

Bon, généralement, au bout de quelques temps, les élèves finissent par comprendre que quand on leur dit "oui, tu peux", il peut pour de vrai. Sauf évidemment les irréductibles, qui de toutes façons ne t'auraient pas posé la question et malgré les points en moins à répétition, te rendront invariablement ça:


Notons que la feuille de base ne lui appartient pas parce qu'une bonne poire a fourni toute la classe en feuille puisque la plupart d'entre eux n'en avaient pas pour des raisons toutes plus sérieuses les unes que les autres, ma préférée étant:
"Comme yavait contrôle, j'ai pas emmené mon classeur. Mes feuilles sont dedans."

Ben voyons.

Mais les copies sont aussi des trésors... de copie justement. Les élèves sont loin d'être des experts en ce domaine. Il faudrait presque que je leur apprenne à tricher correctement.

A la question "Quels sont les lieux réellement existants qui sont cités dans la première page du livre ? (aidez-vous de la carte ci-contre pour répondre)", Marie-Charlotte a soigneusement recopié tous les noms de villes, villages, fleuves, montagnes.... figurant sur la carte sans même regarder le livre, avant de faire fièrement tourner sa copie que huit autres ont recopié consciencieusement avec toutes les fautes sans même se demander quel était le rapport avec le Français.

A la question "Qui est Marco dans l'histoire?" je lis la réponse: "Abodi". Le voisin de devant a répondu "un bandit". J'en déduis qu'il a dû lui souffler trop bas pour qu'il comprenne le mot en question.

Kilian va plus loin. Au moment où je ramasse les copies, il efface frénétiquement quelques chose sur la sienne. Je la lui arrache: je vois tout de suite que l'écriture n'est pas la sienne, et qu'il y a deux choses écrites sur la copie:
Et ce petit macho n'a même pas regardé ce qu'elle avait écrit AVANT de rendre la copie.

Comme quoi, sur les copies, les élèves marquent vraiment de tout!
Les fautes sont authentiques... La bonne volonté aussi.

Parfois je me demande combien de kilos de papiers on passe en feuille de copie. Si on y ajoute celui des photocopies...

Aucun commentaire: